une nuit j’ai rêvé 
que tout était faux
les mauvais regards et toutes ses paroles 
le vide immense au cœur de ma poitrine et le manque grandissant du soir au fond de mes draps 
j’ai rêvé que je n’avais pas démolis tout ce que j’avais construit 
que je n’avais pas quitté tout ce que j’avais aimé 
que je n’avais pas brisé tout ce que j’avais réparé 
j’ai rêvé que ça ne s’était pas produit une fois de plus
que je n’avais pas tout bousillé cette fois-ci 

cette nuit-là, tout avait disparu 
mes peines, mes attentes et la solitude
le manque, le froid et les espoirs 
l’envie d’être qui je n’étais pas 
le besoin de quitter celle que je connaissais trop bien 

une nuit j’ai rêvé 
que tout était vrai 
tout ce que je voyais lorsque je fermais les yeux 
toutes les images imprimées à l’intérieur de mes paupières 
l’amour, le partage et les sourires 
tout était vrai 
j’ouvrais mes yeux et le rêve ne s’évanouissait pas 
tout ce en quoi je croyais se trouvait juste en face de moi
je pouvais porter ma main et toucher mes espérances 

j’ai rêvé que ma vie n’avait pas basculé 
qu’il était toujours auprès de moi 
amoureux jusque dans ses yeux 
tendre de tout son corps 
il était celui dont j’avais toujours rêvé 
celui qui m’offrait chaque jour les rayons du soleil même lorsqu'il pleuvait 
celui qu’il n’avait jamais été toutes ces années 

une nuit, je me suis réveillée 
ne sachant plus qui j’étais et qui je n’étais pas 
ne sachant plus que je voulais devenir et qui je ne voulais plus être 
ne sachant plus qui j’aimais et qui j’espérais aimer 

je me suis réveillée dans l’obscurité de la nuit blanche 
alors que j’étais seule dans un grand lit froid 
et que j’aurais voulu être deux 

je me suis réveillée et j’ai espéré pouvoir clore mes paupières 
et rêver à nouveau 
je voulais m’envoler du corps de celle qui ne sait pas 
pour atteindre la vérité, la connaissance et la certitude 
je ne pouvais plus aller ainsi 
prétendre aimer 
prétendre sourire 
alors que je ne savais même plus quelle direction je voulais prendre 
je savais qui je voulais quitter et je croyais connaitre celle que je voulais devenir 

et puis une nuit tout s’écroule 
on rêve qu’on n’est plus seule 
on rêve qu’un homme vous attrape par le bras et vous entraîne ailleurs
dans une autre vie 
une autre époque 
il vous apprendrait à l’aimer et à vous aimez vous-même 
comme dans ces films dans lesquels les filles posent pierre après pierre pour se reconstruire 
comme si elles étaient détruites par la vie qu’elles ont menée
les hommes qu’elles ont croisés 
l’amour qu’elles ont éprouvé 

et puis au réveil, 
plus rien n’existe
il n’y a plus d’homme pour vous bâtir un corps 
plus d’homme pour vous aimez 
plus l’homme que vous avez chassé 

une nuit, j’ai rêvé que je menais l’existence que j’avais quittée 
l’existence que j’avais refusée 
non pas par peur, ou par froideur d’esprit et de cœur 
mais pour vivre autrement 
pour devenir une de celles qui m’inspiraient chaque minute 
une de celles qui me poussaient dans ce que je pensais être la bonne direction 
une de celles qu’on regardait de deux seules façons 
soit d’un regard admirateur, engagé, comme le mien 
ou bien de colère, et de honte pour l’image de la femme 

j’ai pris la décision de vivre comme une de ces femmes 
et une nuit je l’ai regretté
rien qu’un instant 
le temps d’un rêve 
par manque d’amour 
manque de regards
manque de sourires 
d’attention 
de la part de celui qui vous regarderait comme la seule goutte d’eau d’un désert 
le seul abris lors d’une tempête 
comme si vous étiez la seule chose restante sur cette Terre 

j’ai choisis de quitter ces regards et ces mots 
au profit d’une froide chaleur humaine 
celle d’une nuit moite dans des chambres inconnues 
jusqu’à ce qu’un jour on me regarde une nouvelle fois comme ça 
sans que je ne l’ai prévu 
sans que je ne m’y attende 
sans que je ne le provoque 

une nuit j’ai rêvé 
que tout n’était que vents et tempêtes 
toutes les croyances et toutes les convictions 
tout était faux 
et seul l’amour comptait 
seuls les battements sourds au fond d’un torse lors d’une rencontre 
seule la chaleur envahissant tout un corps par une main contre une autre 
seuls les tourbillons dans une tête derrière un sourire incontrôlable et incontrôlé 
et seuls les maux d’un simple chagrin d’amour 
 

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