les corps tremblent
me faire confiance
avoir envie
être désirable, désirée, désirante
tourner en rond
s'envoyer en l'air et voler très haut
avoir la tête qui tourne
d'un trop plein de bonheur, de crainte, de peur et de passions
venez me chercher, emmenez-moi là où j'irais bien
je vais bien
parce que je suis seule et libre
je suis mon cœur, mes envies, mes rêves, mes regards et mon corps
ses pulsions, sa chaleur, sa moiteur, son addiction et sa forme
regardez-moi
regardez-moi danser, rire, chanter, hurler et briller
regardez-moi briller comme je ne l'ai jamais fait
regardez-moi courir vers la liberté, vers la lumière, vers la luxure
regardez-moi m'offrir mes passions, mes nuits de folie et de baisers
et laissez-moi ivre
de bonheur
je suis la lumière, les couleurs, les sons qui résonnent et les éclats de voix tonitruants
j'entre dans toutes les pièces qui répondent à tout ça en même temps
et puis je sombre dans la lumière
mes yeux ne tiennent plus ouverts, mes jambes me portent sans ma conscience
je ne me souviens jamais de rien
comme si je devenais quelqu'un d'autre dans cette chaleur
la température monte partout
le souffle devient court
les cœurs s'accélèrent
et les corps tremblent
qui suis-je ?
où suis-je ?
au paradis des sourires et des rires, au paradis des libertés, ce pour quoi j'ai tout plaqué
faites-moi croire que c'est la liberté que j'ai toujours voulue
faites-moi croire que mes rires sont aussi vrais que les caresses
faites-moi croire cet instant comme une passion enivrante que je désire
ne me laissez pas m'effondrer
je me laisse aller, je me laisse tomber
pour qui ? pour moi ?
un songe, un rêve, une lueur
j'entre dans cette boite chargée d'alcool de musique et d'hommes
je me suis habillée pour l'occasion
maquillée pour l'occasion
chaussée et coiffée pour l'occasion
comme hier, comme demain
chargée de sourires je descends l'escalier et respire la chaleur des envies
je m'envole dans leurs bras,
caresses
danses
verres
ne me laissez pas sortir seule
ne me laissez pas rentrer
je suis envoutée, je suis défoncée, je suis quelqu'un d'autre
je trouve un partenaire d'une danse
d'une soirée
d'une nuit
et le petit matin efface les souvenirs, les odeurs et les regrets
la réalité n'est plus, le déni l'a envahi
je ne suis plus, les rencontres m'ont meurtrie
j'avance encore, les yeux rivés devant,
je contourne les difficultés par l'espérance que ça passe
que mes envie passent
que mes passions passent
et si je n'y arrivais plus ? et si je n'y étais jamais arrivée ?
j'envie la légèreté, j'envie le naturel, j'envie l'envie
je m'éclipse par moments, de l'agitation des rues, de l'agitation de mes contradictions, je prends de la distance, de la hauteur
je regarde tous ces gens passer sous mes fenêtres, passer à mes pieds et mon armure s'effondre,
les regrets reviennent au galop, avec les souvenirs
j'envie, je passionne, je jalouse, je chéris et puis je souris, je ris et je fais semblant
semblant de choisir
semblant d'aimer
semblant d'offrir
un jour je saurais
je saurais ce pour quoi je suis ici
ce pour quoi je ne parviens pas
je ne bouge pas, je ne me lance pas
je saurais pourquoi ceux qui m'ont aimés l'ont fait
je saurais voir ce que j'aspire à voir, ce que j'admire
en attendant,
je marche, un pas après l'autre et j'arrête de courir vers ce que je ne sais plus,
je dois arrêter d'essayer d'être quelqu'un pour m'écouter
ouvrir mes oreilles et mon cœur à celle qui en vaut la peine
tout ce en quoi je crois s'effondre à chaque instant,
tous les matins, je me lève et je construis les croyances de la journée,
celles que je vais suivre le temps de quelques heures
et tout recommence demain
un jour j'arrêterai de trembler toute la journée,
pour un mot, un souvenir, un geste, un regard
j'arrêterai d'avoir si peur
je suis terrorisée par celle que je ne connais pas,
je suis terrorisée par le fait que je ne sais pas
qui suis-je ?
je suis terrorisée chaque seconde, chaque pas de mes journées
je suis terrorisée de regretter d'avoir trop fait,
ou pas assez
d'être allée trop loin
ou pas assez
regretter quelqu'un, un moment, un instant qui paraissait dérisoire et qui devient soudain tout
regretter de ne pas m'être écoutée alors que je ne m'entends pas
je suis à l'écoute ça y est
ça suffit d'avancer les yeux fermés
cette fois j'ai les yeux grands ouverts et je regarde
je regarde tout et tout le monde
et je suis terrorisée par ce que je vais trouver